Former les professionnels de demain, c’est penser autrement l’enseignement agricole, dans un contexte marqué par les dérèglements climatiques, la pression sur les ressources et les attentes citoyennes en matière d’alimentation durable, l’agroécologie s’impose comme une évidence. Elle n’est plus une simple option dans les lycées agricoles et les CFA : elle devient la colonne vertébrale de la formation agricole, du CAP à l’ingénierie.
Une formation agricole ancrée dans les réalités du vivant
Les établissements d’enseignement agricole accueillent chaque année des milliers de jeunes en quête d’un métier porteur de sens. Face aux modèles intensifs en bout de course, ils découvrent une autre voie : celle d’une agriculture à la fois productive, régénérative et résiliente. L’agroécologie leur offre un cadre pour comprendre les interactions entre sols, plantes, animaux et humains. Elle leur donne aussi des outils concrets pour agir localement, dans le respect des écosystèmes.
Dans les lycées agricoles et CFA, la formation agricole se vit sur le terrain. On y cultive des légumes en rotation longue, on expérimente des techniques de compostage, on observe la faune auxiliaire, on réfléchit à la gestion de l’eau. Les fermes pédagogiques jouent ici un rôle central : véritables laboratoires à ciel ouvert, elles permettent aux élèves de tester, d’échouer, d’ajuster. Et surtout, de se projeter comme futurs acteurs d’une agriculture durable.
Un virage pédagogique assumé
Ce renouvellement des contenus va de pair avec une transformation des méthodes. La formation agricole ne se limite plus à la transmission de techniques : elle encourage la réflexion, la coopération, le lien au territoire. Les élèves sont invités à concevoir des projets collectifs, à interagir avec des agriculteurs installés, à se confronter à des problématiques concrètes de gestion d’exploitation.
Les formateurs eux-mêmes montent en compétence. Accompagnés par des structures comme l’INRAE, les Chambres d’agriculture ou des réseaux de fermes pilotes, ils intègrent les dernières avancées scientifiques dans leurs enseignements. Cette démarche favorise une pédagogie active, transversale, où les disciplines se croisent pour mieux faire comprendre la complexité du vivant.
Préparer des professionnels ouverts et engagés
Loin des clichés d’un monde rural replié sur lui-même, la formation agricole agroécologique ouvre de nouvelles perspectives professionnelles. Elle forme des agriculteurs, bien sûr, mais aussi des conseillers en environnement, des animateurs territoriaux, des responsables de circuits courts ou encore des techniciens spécialisés en sols vivants. Elle répond aux besoins croissants de toutes les filières liées au vivant.
Elle participe aussi à un mouvement plus large de reconquête de la souveraineté alimentaire et de transition écologique. Les jeunes formés aujourd’hui seront les décideurs de demain : leur donner les clés pour produire durablement, c’est leur permettre de peser dans les choix agricoles, économiques et environnementaux de leur territoire.
L’agroécologie comme projet de société
Faire de l’agroécologie le socle de la formation agricole, c’est affirmer une vision ambitieuse : celle d’une agriculture à taille humaine, ancrée dans les territoires, capable de régénérer les sols tout en nourrissant la population. C’est aussi redonner de la valeur à un métier trop souvent mal reconnu, en y injectant de la recherche, de l’innovation, et surtout, de la fierté.
En ce sens, les lycées agricoles et CFA ont un rôle stratégique à jouer. En formant des jeunes engagés, compétents et conscients des enjeux, ils deviennent les pépinières d’une nouvelle génération d’agriculteurs et d’acteurs du monde rural. Une génération qui ne choisit pas l’agroécologie par défaut, mais par conviction.
